#9 Reco - Orelsan 🎶🚶🏻 Montre jamais ça à personne
Rap FR - Ascension - Bande de potes - Musique - Vie d'artiste - Caen - Début d'internet - Rêve fou
Docu-série sorti fin d’année 2021 sur Amazon Prime, vous en avez certainement entendu parler, notamment pour son sacre aux Victoires de la musique en tant que création audiovisuelle -Orelsan ayant aussi remporté les catégories Artiste masculin et Chanson originale. Loin d’être un énième documentaire sur la star du moment, la création de Clément Cotentin (le frère du rappeur) est une œuvre touchante et saisissante qui puise avec nostalgie dans d’innombrables images d’archives -bien avant l’heure des premiers iPhones- avant qu’Orelsan ne devienne l’artiste reconnu de tous qu’il est aujourd’hui. Une belle révélation sérielle avec six premiers épisodes, présageant une suite en 2022. Avant la réédition de l’album ? Je prends les paris !
Alors qu’est-ce que ça raconte ? 👀
L’ascension musicale d’un des rappeurs les plus atypiques de sa génération, à l’époque où le rap n’était diffusé que sur Skyrock et où Caen n’était mentionné que pour sa proximité avec les plages du débarquement.
A qui ça s’adresse ? 🙋
A tous les fans du rappeur comme aux curieux qui souhaitent comprendre le phénomène inarrêtable qu’est Orelsan, à tous les provinciaux, aux nostalgiques de la game boy et de myspace, aux amateurs de documentaires aux images inédites et aux aficionados de sincérité, tout simplement.
Pourquoi c’est top ? 🤩
Ce que j’adore avec Montre ça à personne, c’est qu’on reprend un concept classique de série : un projet fou d’une bande d’amis soudée sur laquelle personne ne mise. Sauf qu’ici tout est vrai et que Caen remplace la big apple new yorkaise. Le tout repose sur un protagoniste hors norme, entouré de potes tout aussi singuliers, formant un groupe de provinciaux paumés qu’on donnerait perdant face à tout obstacle. Et pourtant Clément, le frère d’Orelsan, y croit dur comme fer et dégaine son caméscope à la moindre occasion, quand il se passe quelque chose mais surtout quand il ne se passe rien. Et c’est de là que le docu tire sa puissance, en prenant le temps de montrer ce train de vie étudiant, celui qu’Orelsan décrira dans son premier album avec ses mots à lui. Le docu s’appuie sur des heures et des heures de vidéos de l’époque, avant même qu’Orelsan ne sorte le moindre single, avant même qu’il ne commence à croire en lui, en son talent, avant qu’il ne se mette au travail. Des séquences rares qu’on ne retrouve dans aucun autre docu du genre, ou jamais en quantité suffisante pour en faire une vraie série.
Bien qu’on connaisse le succès actuel d’Orelsan, son ascension reste pleine de suspense dans ce documentaire, savamment découpé en six épisodes qui représentent chacun un milestone de plus en plus grand dans la carrière naissante du rappeur. Se présenter à un battle de rap, tourner un clip, le voir diffusé sur MTV, enregistrer un album, faire un concert à Paris, partir en tournée, faire un film… Chaque étape en amène une plus grande encore, s’avérant parfois être douce amère. C’est sans compter sur les retours de flammes des débuts provocateurs du rappeur, autrefois instrumentalisés et dont il cherche ici à reprendre le contrôle narratif. C’est une autre force du documentaire, parler de l’intégrité artistique, de la place du rap dans la culture populaire, de la rançon du succès pour un artiste incompris aux multiples facettes, tributaire du soutien de certains artistes, tourneurs et patrons de radio. On s’intéresse à quelqu’un qui a fait des vagues, a bousculé les codes avec son franc parler faussement désinvolte, a écrit sur sa famille, ses amis, sa ville, ses amours, tout ce qui l’entoure et autant de regards qu’il doit affronter. Le porte parole d’une génération qui n’a jamais demandé à devenir son modèle. Enfin quelqu’un qui a fait avancer la représentation du rap, le genre roi du streaming aujourd’hui, de plus en plus reconnu par les critiques, mais longtemps considéré comme une musique de parias. Une ribambelles de rebondissements sur les quinze dernières années, bien plus divertissants que le scénario ridicule de la série Canal Validé…
Enfin la série vient nous cueillir là où on s’y attend le moins, au fil des épisodes quand l’attachement aux “personnages secondaires” s’intensifie, quand l’émotion d’une étreinte entre Orel et Gringe se fraie un chemin. On voit beaucoup de générosité en six épisodes, un peu d’errance et une folle envie de réussir. C’est beau de voir une bande traverser les décennies comme ça, partager son triomphe. Pour autant le documentaire ne tombe jamais dans le scoop ou l’intime -on n’aperçoit qu’une seule seconde sa femme. Montre jamais ça à personne reste ultra professionnel, on parle de trouver sa voix artistique, rester fidèle à soi-même, réussir à se faire comprendre du public, de tous. Le docu évite donc l’écueil d’être mégalo-centré, en mettant en lumière le crew et les proches du rappeur. On voit tout ce qu’ils lui ont apporté, l’ambition et le professionnalisme de son producteur Skread, le charisme naturel et l’humour de sa moitié rappeur Gringe, bon si quelqu’un a compris ce que fout Ablaye merci de m’expliquer mais on apprécie quoiqu’il arrive sa bonne humeur contagieuse, et on n’oublie pas la passion et le soutien de sa grand-mère. Et on voit tout ce qu’il leur a rendu, comment ils ont grandi, ensemble. Et on est très content que Clément nous montre ça aujourd’hui !
L’atout charme 🕵️
Les interviews actuelles avec un panel de professionnels et de proches aussi varié qu’impressionnant, qui donne du relief à toutes ces images historiques et viennent ponctuer certaines scènes de suspense.. et d’autres d’humour. Soit par leur naturel soit par la sélection naturelle de leurs souvenirs qui négligent parfois certains détails.. Des aller retour fluides dont on ne se lasse pas.
Comment continuer le plaisir ? 😋
Dave 😂🎙️ (Lil Dicky) (clique-ici pour lire la critique de la première saison)
Une autre ascension de la planète rap tout aussi sincère et inratable. Direction la Californie avec l’inimitable Lil Dicky dans cette série inspirée par les débuts de sa carrière. Cette fois pas d’images d’archives mais un ensemble de péripéties hilarantes pour un homologue d’Orelsan outre-Atlantique (à quand un collaboration tiens ?). Si vous avez aimé le docu vous allez dévorer cette comédie en une bouchée !
Les deux saisons sont disponibles sur MyCanal.
On s’éloigne du rap ici pour rester dans un univers artistique avec le génie de Bo Burnham. Méconnu en France -à tort !- ce comédie special de Netflix montre en 1h30 l’étendue du talent de Bo Burnham : de la composition musicale à l’écriture, en passant par la réalisation, l’interprétation, le montage… La première moitié est irrésistible, satire de notre société pré-covid obnubilée par les réseaux sociaux et aux mains des GAFA. Une critique qui se resserre sur son ego à l’épreuve du confinement et qui symptomatise dans une seconde moitié les effets néfaste de la pandémie sur la santé mentale. Poignant.
Au delà même de ce fond impertinent et engagé, Inside est une ode à la créativité, un film qui montre ce qui se cache derrière un artiste : du travail, du talent, beaucoup de travail, de l'acharnement. Et c’est en ça que le parallèle avec le docu d’Orelsan prend son sens. Une implication sans faille pour un rendu d'apparence magique. A ne pas reproduire chez soi, sous peine d'être déçu par l'absence de talent. Faites-moi confiance…
Titre à tire, Civilisation sur RadioFrance 🎤
Ré-écouter le dernier album d’Orelsan avec les commentaires du rappeur, de son producteur Skread et son frère Clément, au micro de France Inter, dans une émission dans la veine du documentaire, parsemée d’anecdotes et d’analyses surprenantes. Une belle façon de (re)-découvrir le dernier opus de l’artiste.
En bonus une petite playlist maison des meilleurs titres du rappeur caennais
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Pas fan d'Orelsan, mais ça donne envie de regarder