#21 Reco 🟨🟣🟨 Chair tendre
Dispo gratuitement - France.tv Slash - Intersexuation - Adolescence - Comédie dramatique
(écoute-moi 👆👆)
Avant de découvrir la superbe nouveauté Chair tendre (Slash) j’aimerais vous parler un instant de la dernière cérémonie des Emmy Awards qui a eu lieu le 12/09/2022 à Los Angeles. C’est l’équivalent des oscars pour les séries et force est de constater qu’années après années son importance s’estompe pour diverses raisons : la surreprésentation de quelques séries ultrapopulaires suite au changement de vote de 2015, le manque de diversité criant parmi les lauréats, des campagnes marketing politiques pendant la période de vote et les audiences de la cérémonie en berne. Que faut-il donc retenir de cet entre soi hollywoodien ?
Eh bien qu’on n’a pas les même gouts ! Côté comédie Ted Lasso (Apple TV) a été bien trop primé à mon goût et Barry (OCS) complètement boudé -alors que c’est un chef d’œuvre. The White Lotus (OCS) écrase tout côté mini-série, devançant les superbes Dopesick (Disney+) et Scènes de la vie conjugale (OCS), mouais. Seuls les sacres de Succession (OCS) et Zendaya pour son rôle dans Euphoria (OCS) côté drame me consolent. Bravo à HBO pour ce nouveau sacre, disponible en France sur OCS.
Et pour continuer sur les récompenses il convient de souligner que Chair tendre n’est pas en reste puisque la série s’est vu sacrée meilleure série française à Séries Mania. Un choix qui m’avait ravi tant j’étais d’accord -même si Les Papillons noirs méritait aussi le titre. Le point commun entre ces deux séries est qu’elles sont à la portée de tous puisque accessibles gratuitement en ligne, respectivement sur France TV Slash et sur Arte. N’oubliez pas de checker mon guide des séries françaises gratuites pour en découvrir davantage. (Lien en bas de l’article pour Chair tendre)
Alors qu’est-ce qu’elle raconte ? 👀
La vie de Sasha, la nouvelle du lycée. Elevée comme un garçon, elle est pourtant née intersexuée et tente de comprendre qui elle est à l’aube de sa majorité.
A qui ça s’adresse ? 🙋
Aux amateurs de dramédies -un genre encore trop rare en France, aux nostalgiques des vacances à l’océan et à toutes celles et ceux qui ont à cœur d’en apprendre plus sur l’intersexuation -soit le I de LGBTQI+.
En fait je crois fermement que Chair tendre s’adresse à tous et qu’elle est un bon point de départ pour s’éduquer sur ce sujet qui n’est pas aussi rare qu’on le croit.
Pourquoi c’est top ? 🤩🤩🤩
L’intersexuation est clairement un tabou, méconnu, dont personne ne parle alors que selon les spécialistes, environ 1,7 % de la population naît avec des caractéristiques intersexes, ce qui est comparable au nombre d'enfants qui naissent avec des cheveux roux (source : Amnesty). Alors voir une série attaquer le sujet à bras le corps répond à un vrai besoin éducatif, c’est certain. Et Chair tendre est une fiction puissante qui nous embarque dans les méandres de la quête identitaire de cette adolescente (qui se genre au féminin) qui devient vite un voyage émotionnel marquant, rempli d’humour et de scènes réussies, en famille comme entre amis.
La série est pertinente dans son approche, commençant par cette phase d’ignorance, de perte de repères pour Sasha qui ne sait pas par où commencer, où chercher, elle n’a pas les mots ni même son carnet de santé. Encore moins des souvenirs de sa naissance et de possibles opérations subites pour qu’on la fasse rentrer dans la norme, dans une case. Chair tendre remet au centre de la question l’humain, la personne concernée, ses sentiments. Comment faire quand on a 17 ans et que la société (les médecins, les camarades de classes…) laissent peu de place à Sasha pour comprendre qui elle est ? La série dénonce une médecine trop souvent prescriptive, insensible, décorrélée des besoins du patient. La binarité qu’on nous enseigne s’avère désemparante face à la réalité biologique, pour Sasha comme pour ses parents, son entourage, tout le monde. Car on voit bien que c’est l’ignorance qui blesse, qui bloque toute compassion, qui inhibe. En découlent des choix conflictuels au sein de la famille et des moqueries dans la cour de récréation -un anti safe space qu’on a tous connu et auquel on a déjà participé. L’intersexuation n’est pas une maladie, elle n’est pas le problème. Ce sont les actes de normalisation et de discrimination qui le sont.
Moins pédagogue, celui là du Journal des femmes est aussi intéressant
Evidemment, Chair tendre est engagée, militante et je l’adore pour ça mais elle n’est pas que ça. Oh que non. Je me dois de préciser qu’elle est une comédie toute aussi rafraîchissante et drôle que Sex Education -pour ne citer qu’elle. Chair tendre maitrise parfaitement l’équilibre entre humour et émotion et contrairement à de nombreuses séries ado elle fait bien le pont entre la vie à la maison et celle au lycée. Sa relation avec sa pétillante sœur est hyper intéressante et celle de ses parents également. Père désabusé, mère attachiante, nouveaux amis aux intentions bienveillantes suspectes. Le jeu des acteurs est impeccable, c’est indéniable. J’émets juste un petit doute sur Angèle Metzger, l’interprète de la fameuse Sasha qui m’a moins convaincu, ainsi soit-il.
La série se démarque aussi par son ambiance singulière, la fraicheur des forêts de pin landaise -des images chill qui contrastent avec le bouillonnement intérieur de Sasha-, sa bande son authentique avec quelques pépites techno et le look faussement rétro des ados d’aujourd’hui -oui je viens de prendre 15 ans avec cette dernière phrase, et alors ? Certains quiproquos et comique de situation sont irrésistibles. Philippe Candeloro et le petit hamster ne sont que des exemples de références que tu auras bientôt ne t’inquiète pas.
Une belle pépite donc qui mérite plein de succès et une saison deux s’il vous plait merci. J’ajouterai que c’est un plaisir de savoir cette série sur Slash, une plateforme gratuite de france tv avec plein de bons contenus ados -mais pas que hein. Allez hop hop hop, clique sur le lien pour mater la série, en 2 épisodes max tu seras conquis·e :
1 saison de 10 épisodes de 26 minutes est disponible
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Comment prolonger le plaisir ? 😋
📖 En livre avec le provocateur Troll de Eirikur Orn Norddahl
Roman islandais sorti l’été dernier, il raconte les péripéties de Hans Blær né intersexe. Iel s’est donné le seul nom épicène de la langue islandaise et met tout en œuvre pour troller le reste du monde, les bienpensants, les moralisateurs de gauche et toute personne qui parle d’ellui en bien comme en mal.
Pas une lecture des plus passionnantes mais le roman soulève de bonnes questions. Je remarque qu’on s’habitue bien plus vite à l’écriture inclusive (iel, ellui, lea, ·e) qu’à l’indigeste passé simple à la deuxième personne du pluriel. Comme quoi.
(Ami·e parisien·ne je peux te prêter le livre, puisque j’ai du racheté un exemplaire, celui de la bibliothèque ayant pris l’eau… fais moi signe et il est à toi voili voilou)🎶 En musique avec l’étoile montante ELOI
Me demande pas trop pourquoi mais je trouve des similitudes dans ces deux univers et je verrai bien Sasha écoutait Soleil Mort ou jtm de ouf à fond dans ses écouteurs et elle aurait bien raison !🎥 En série avec la touchante Mental
Maintenant que t’es familier avec la plateforme Slash n’hésite pas à checker ses autres contenus comme la série Mental qui parle de nombreux troubles psychiatriques au travers d’une bande d’ado qui ne demande qu’à vivre. Un autre must-see du service public.
C’est l’heure des reco ✨
Je souhaite présenter désormais dans cette rubrique de fin un nouveau média, une newsletter ou même donner la parole à un·e abonné·e qui présentera le contenu de son choix ! Si tu es intéressé·e n’hésite pas à me contacter à vacher.amaury@gmail.com
Cette semaine je remercie Marion qui a vu en avant première la dernière palme d’Or, 📅 en salle à partir de ce mercredi 28 septembre.
Triangle of Sadness (Sans filtre) de Ruben Östlund
Une Palme d’Or bien méritée pour le réalisateur qui livre avec Triangle of Sadness (Sans filtre) une satire du capitalisme moderne savoureuse dans la lignée de ces précédents longs-métrages -comme The Square qui avait déjà raflé la Palme d’Or en 2017.
Pourquoi c’est top ? 💯
Comme dans ses autres films, Ruben Östlund pose sa caméra dans un cadre a priori attrayant voire luxueux - ici, un yacht- pour y instiller chaos et confusion. Un monde qu’il connait bien puisque sa femme est photographe de mode, ça sent le vécu !
Cette fois, le réalisateur pousse la comédie et l’absurde un cran plus loin et nous régale entre autres, d’un rap contender à base de punchlines acerbes (“How do you tell a communist? Well, it's someone who reads Marx and Lenin. And how do you tell an anti-communist? It's someone who understands Marx and Lenin”), d’une scène de vomi collectif digne de L’Exorciste, d’un mannequin à la plastique parfaite devenant le toyboy d’une ‘toilet manager’.
Une comédie aussi grinçante qu’intelligente, résolument marxiste selon les dires de son réalisateur et qui nous rappelle comme Montaigne le soulignait en son temps que même sur le plus beau trône du monde, on n'est jamais assis que sur son cul !
Mais pourquoi ce titre ? 🤔
💡 Le “triangle of sadness” est en fait le terme utilisé par les chirurgiens pour décrire la "ride du lion", appelée la “ride du souci” en suédois -cette ride d'expression qui apparaît sur le front lorsqu’on en a beaucoup et qui peut être éliminée en 15 petites minutes grâce au botox.
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