#12 Reco 👨⚕️🏨 This is going to hurt
myCanal - Hôpital (gynéco) - Equilibre vie pro/perso - Humour noir - Opérations compliquées - Amours difficiles - Dépression
Nouvelle série de la BBC, cette pépite 2022 a fraîchement débarqué chez nous sur Canal+ pour le plus grand bonheur des sériephiles. C’est l’occasion pour la plateforme française de mettre en avant une superbe série médicale, réaliste et touchante. Chose qu’elle n’avait faite qu’à moitié avec Hippocrate en 2018, qui certes dépeignait fidèlement la réalité des hôpitaux de l’hexagone mais manquait cruellement d’accroche narrative, avec un trop faible travail sur ses personnages, allant de caricaturaux à antipathiques. This is going to hurt au contraire ne brille pas seulement par son immersion intense dans le milieu médicale mais aussi par ses protagonistes attachants porteurs d’un message politique et sociale qui transcende le médical. Il va de soi de dire que ce drame britannique fera partie des top séries de l’année, alors n’attendez pas plus longtemps pour le découvrir.
Alors qu’est-ce que ça raconte ? 👀
La vie quotidienne de Adam, médecin dans un service de gynécologie obstétrique (comprenant donc de nombreux accouchements) dans un hôpital public de la NHS à Londres.
A qui ça s’adresse ? 🙋
Aux familiers des couloirs médicaux, aux amateurs de séries britanniques (déjà conquis par cette Sélection), à ceux qui aiment passer du rire au larme en un même épisode, à ceux qui s’intéressent au difficile équilibre pro/perso, à ceux qui n’ont pas peur des images crues.
Pourquoi c’est top ? 🤩
Vous dire que This is going to hurt est la série médicale que j’attendais serait mentir. Mais il est vrai qu’elle corrige tous les écueils de ses consœurs de sorte à devenir désormais LA série médicale de référence, à mes humbles yeux. Elle replace au centre l’acte médical dans son essence, un accès au soin pour tous ; et quoi de mieux que de le vivre depuis le service de l’hôpital public qui donne la vie ? Sang, accouchements, nouveaux nés, prématurés. Les images crues ne manquent pas, genre vraiment pas, notamment dans le pilote1 qui nous plonge rapidement dans le bain. On est réellement en apnée dans ces nombreuses scènes d’opérations compliquées -si ce n’est vitales- où urgence et sang froid font bon ménage et où la moindre faute a des conséquences désastreuses, symptômes d’une profession qui n’a pas d’égal.
Et si la souffrance physique est omniprésente, la santé mentale prend de plus en plus de place au fur et à mesure des épisodes. La mise en scène nous montre sans détour les enjeux qui incombent notre cher personnel de santé. On suit médecins, internes, sages-femmes, infirmières et directeurs de service dans leur quotidiens, au sein d’un univers où pression, hiérarchie et manque de moyens sont aussi chroniques que la fatigue dudit personnel. Elle souligne leurs nombreuses difficultés -matérielles comme psychologiques- symptômes des politiques austères subies par le NHS et que la réalisation embrasse, notamment dans le brillant épisode six, ou la série dénonce le violent contraste qui existe entre le public et les hôpitaux britanniques privés, aussi opulents qu’imprudents. Dans un contexte de pandémie mondiale où semblent presque déjà oubliés les efforts incommensurables du personnel de santé, autrefois applaudi, la série tombe à point nommé pour rappeler les enjeux politiques de l’hôpital public. Et lorsque l’on sait que les expériences qui ont inspiré la série ont eu lieu il y a près de 20 ans (cf Les noms à retenir 👇), le constat n’en est que plus terrible.
Ce qui élève This is going to hurt au rang de nouveauté incontournable c’est justement qu’elle va au delà du médical, du suspense des chirurgies et des amourettes (difficiles) du personnel. Elle s’intéresse à la notion du vivre ensemble, dans un lieu accessible à tous comme peu en existent encore dans nos sociétés contemporaines de plus en plus communautaires. Et pour ça, rien de tel que l’humour noir et grisant de nos voisins anglais pour lier une panoplie diverse de patients. Un mécanisme imparable pour sublimer les condescendances d’un médecin grand diplômé face aux prénoms parfois risibles de nouveaux nés mais surtout des patients éhontément racistes et virulents. Mais il s’agit bien d’un mécanisme qui agit comme un pansement en surface, car le lourd manque de soutien, de reconnaissance, de repos, de recul, n’empêchera pas de terribles conséquences. Et la série met intelligemment le spectateur dans la confidence quand Adam s’adresse directement à la caméra, créant cette intimité interdite où il souligne le décalage entre ce qu’il pense et ce qu’il doit faire, serment d’Hippocrate. C’est avec ce prisme cynique que la série prend toute sa saveur, dévoilant des dialogues cinglants irrésistibles, tout en restant inclusive. Une subtilité rare qui témoigne de l’excellence de l’écriture, qu’on retrouve dans la bande son éclectique et énergétique qui rythme les nuits sans sommeils de nos héros. Et finalement, quelques épisodes plus tard, un simple silence ou un monologue saillant viennent balayer nos sentiments, on se sent coupable d’avoir ri consciemment, loin de la réalité du malheur des uns parfois plus profond ou au contraire plus égoïste que ce qu’on imaginait. This is going to hurt rejoint le club fermé de ces séries bouleversantes, où une seule scène change la lumière des événements passés, pour le meilleur comme pour le pire.
Avec This is going to hurt, on sort rarement de l’enceinte de l’hôpital, pour autant chaque sortie n’en est jamais complètement émancipée. Ces scènes palpent tout l’impact psychologique du métier d’obstétricien -et de médecin dans le publique de manière générale- dont le difficile équilibre entre vie pro et vie perso. Car c’est une série avant tout humaine, très personnelle et touchante, devant laquelle on ne peut rester insensible. Au risque de me répéter, elle prend le point de vue des professionnels de santé, de la difficulté d’un métier dont la réussite n’apporte que peu de reconnaissance mais où la moindre erreur se traduit en poursuite judiciaire, sans jamais voir le moindre soutien moral pointer le bout de son nez, tradition d’établissements où sont cultivés compétition et autorité. Au travers du personnage de Shruti, interne en médecine, la série montre les hésitations et désillusions face à tant de sacrifices personnels. Et dans une société où la pression se banalise et les burn out se normalisent, il est bon de voir une série questionner ce rapport pro/perso. Sans solution évidente, il reste pertinent de souligner le manque de soutien des structures employeurs, tout comme les difficultés de communication de certaines personnes, prisonnières de traumatismes, cultivant malgré elles un cloisonnement dur à briser.
This is going to hurt, ce n’est donc pas qu’un titre, c’est une prémonition, vraie pour les patientes comme pour les médecins. Et finalement pour nous, spectateurs.
Les noms à retenir 🕵️
Adam Kay, l’homme qui a accouché de This is going to hurt. Docteur obstétricien de 2004 à 2010, il est l’auteur du livre éponyme inspiré de son journal de bord médical. Succès immédiat au UK à sa sortie en 2017, la BBC annonce dans la foulée son adaptation en série -dont Adam écrira le scénario.
Ben Whishaw, acteur principal de la série qu’on a vu récemment dans A very English scandal, donnant vie au personnage d’Adam sur le petit écran. On aurait pu voir un docteur antipathique mais Ben Whishaw arrive, en toute subtilité, à insuffler une émotion vive notamment dans ses monologues face au nouveau né prématuré. Et cerise sur le gâteau, c’est une belle avancée que d’avoir un personnage gay joué par un acteur out, qui plus est dans une série qui normalise le couple homosexuel.
Comment continuer le plaisir ? 😋
Scrubs, comédie disponible sur Disney+
Pour ceux qui veulent continuer d’arpenter les couloirs de l’hôpital mais en retrouvant le sourire avec cette douce sitcom américaine, façon How I met your mother ou Friends, qui parle du métier de médecin, de ses difficultés mais aussi d’amitié, d’amour, et de tout ce qui remplit un cœur.
9 saisons de 24 épisodes de 20 minutes environ.
It’s a Sin, mini-série disponible sur Canal+
Pour continuer de profiter des superbes drames britanniques que Canal diffusent chez nous, avec un savant mélange de rires et de larmes. Une mini-série choc sortie l’an dernier et qui retrace la tragédie du SIDA et son impact déchirant sur la communauté gay, entre incompréhension et abandon des pouvoirs publics.
1 seule saison de 5 épisodes de 55 minutes environ.
This is going to hurt, le livre originel d’Adam Kay
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nom donné aux premiers épisodes de séries