#37 Edito đšâđ«đ Ce que j'ai appris sur les sĂ©ries avec Sous-titres
đ RĂ©trospective pour fĂȘter le clap de fin de la saison 1 !
Aujourdâhui je vous propose un nouvel Ă©dito, format oĂč je donne mon avis sur une tendance, une actualitĂ©, quelque chose qui touche au monde des sĂ©ries et qui mâinspire une rĂ©flexion. Alors oui, dans un Ă©dito je ne mentionne pas forcĂ©ment des contenus rĂ©cents, pour ça je vous glisserai quelques mots en fin dâarticle. đ€
Lâan dernier dans mon premier Ă©dito, jâavais explicitĂ© le revirement de stratĂ©gie marketing de Netflix pour crĂ©er des sĂ©ries Ă succĂšs, indĂ©pendamment de toute qualitĂ©. Jâavais plus tard donnĂ© une dĂ©finition claire du genre avant dâexpliciter mes critĂšres dâapprĂ©ciation dâune bonne sĂ©rie et comment les articuler pour Ă©crire une bonne critique. Dans ce nouvel Ă©pisode je vous propose le sujet suivant -plus subjectif que jamais- : Ce que jâai appris sur les sĂ©ries en une saison de Sous-titres đ
Pour rappel, Sous-titres est un podcast que jâai lancĂ© de maniĂšre indĂ©pendante en janvier dernier et dans lequel je parle de sĂ©ries populaires avec les personnes qui les vivent au quotidien. Cette premiĂšre saison sâest terminĂ©e dimanche dernier et le lendemain le podcast Ă©tait mis en avant comme podcast coup de cĆur sur Apple podcast -un bel accomplissement aprĂšs avoir Ă©tĂ© en fĂ©vrier LA nouveautĂ© de la semaine sur Deezer.
Au cours des premiers Ă©pisodes jâai par exemple discutĂ© de la sĂ©rie DrĂŽle (Netflix) avec un stand-upper, de This is going to hurt (Canal+) avec une ancienne sage-femme, de The L Word (Canal+) avec une amie lesbienne ou encore de Game of Thrones (Pass Warner) avec un historien mĂ©diĂ©val. LâidĂ©e pour moi Ă©tait de faire le pont entre les sĂ©ries et notre sociĂ©tĂ© grĂące Ă des invitĂ©s au regard Ă©clairant sur celles-ci. Montrer quâelles peuvent ĂȘtre un moyen assumĂ© dâouverture et dâĂ©ducation sur certains sujets, au delĂ de lâobjet audiovisuel artistique et divertissant que les sĂ©ries reprĂ©sentent naturellement.
Je vais revenir maintenant sur trois apprentissages que jâai eu en rĂ©alisant les derniers Ă©pisodes, Ă savoir : Emily in Paris, Chair Tendre et En ThĂ©rapie.
Emily in Paris đđŒ derriĂšre les clichĂ©s (avec Sebastian Marx)
Pour bien comprendre : Emily in Paris (Netflix) parle comme son titre lâindique de la vie dâEmily ⊠à Paris. Elle est amĂ©ricaine et aime le rappeler car elle vient en France pour apporter son american point of view Ă l'agence de marketing de luxe locale. EnvoyĂ©e depuis Chicago, son arrivĂ©e n'est pas vraiment vue d'un bon Ćil et son rĂȘve parisien connait des rebondissements Ă la fois romantiques et romancĂ©s.
Pourquoi Sebastian ? Sebastian Marx est un New-Yorkais qui vit en France depuis 18 ans. Il est actuellement en pleine promotion de son second one-man-show, On est bien là . Dans son premier spectacle Un New-Yorkais à Paris, il relate de son expérience parisienne en usant de certains clichés mais avec une justesse bienveillante.
Ce que jâai appris â© le rĂ©alisme (ou non) dâune sĂ©rie ne dit rien sur sa qualitĂ©
Dans chaque Ă©pisode la question royale cette sĂ©rie est-elle rĂ©aliste ? sert de point dâentrĂ©e pour analyser la thĂ©matique exploitĂ©e par la sĂ©rie. Pour ĂȘtre honnĂȘte, je me suis rendu compte au fil de cette saison que jâavais un biais, que la âbonne rĂ©ponseâ attendue Ă©tait OUI, la sĂ©rie est rĂ©aliste. Comme si lâinverse affectait nĂ©gativement la qualitĂ© de lâĆuvre.
En prĂ©parant lâĂ©pisode sur Emily in Paris je me suis alors surpris Ă argumenter dans lâautre sens, non pas que jâadore cette sĂ©rie (non non non) mais parce que les innombrables critiques qui lui sont faites sur le Paris idĂ©alisĂ© dans lequel Emily Ă©volue me semblaient injustes, du moins Ă dissocier de la qualitĂ© du show. Personne ne reproche Ă Game of Thrones de ne pas ĂȘtre drĂŽle ou Ă Friends de ne pas ĂȘtre rĂ©aliste. Non car lâun est un drame et lâautre une sitcom. Alors arrĂȘtons de vouloir quâEmily se promĂšne Ă BarbĂšs ou quâelle enjambe un SDF, laissons-la vivre son rĂȘve amĂ©ricano-parisien, elle a dâautres choses Ă nous raconter -ou presque.
Si jâai adorĂ© discutĂ© avec mon invitĂ© des diffĂ©rences US/FR maladroitement relevĂ©es dans la sĂ©rie et de son travail dâhumoriste pour Ă©viter les clichĂ©s stigmatisants, jâaurais pu passer autant de temps Ă critiquer le nĂ©o-libĂ©ralisme prĂŽnĂ©e dans cette sĂ©rie -qui sâavĂšre ĂȘtre un produit mercantile Ă consommer dâune traite pour digĂ©rer sa miĂšvre qualitĂ©.
Le rapport entre rĂ©alisme et sĂ©rie tv est complexe et il faut Ă©viter de lâutiliser comme argument dâautoritĂ© pour justifier ce que la sĂ©rie en question nous raconte. Pour Ă©tayer ma remarque, je ne pourrais que vanter la sombre poĂ©sie dâEuphoria, la reprĂ©sentation idĂ©alisĂ©e et pleine dâespoir de The L Word ou la lassitude face aux intrigues quasi-documentaires de We Own This City.
En prenant du recul sur cette premiĂšre saison jâai remis en cause la pertinence de cette question binaire posĂ©e Ă lâinvitĂ© sur le rĂ©alisme de la sĂ©rie. Et finalement je crois que je lâaime bien quand mĂȘme, quâil ne faut pas y chercher une bonne ou une mauvaise rĂ©ponse, simplement un curseur pour comprendre Ă quelle point on peut prendre la sĂ©rie au pied de la lettre sur ses messages, tout en tenant compte de son genre et en profitant bien sĂ»r des Ă©clairages de lâinvitĂ© pour affiner tout cela.
Chair tendre âłđ briser le tabou de lâintersexuation (avec ClĂ©mence)
Pour bien comprendre : Chair tendre (Slash) nous embarque dans les mĂ©andres de la quĂȘte identitaire de Sacha, une adolescente de 17 ans qui vient de dĂ©mĂ©nager dans les Landes et qui se genre depuis peu au fĂ©minin. Sacha dĂ©couvre au fil des Ă©pisodes quâelle est intersexe, un mot alors mystique.
Pourquoi ClĂ©mence ? j'ai dĂ©couvert ClĂ©mence dans des interviews vidĂ©os sur Internet oĂč elle parlait Ă cĆur ouvert et avec humour de son quotidien en tant que femme intersexe. En bref une personne on ne peut plus concernĂ©e par le sujet et Ă lâĂ©nergie incroyable !
Ce que jâai appris â© une fiction change rĂ©ellement des vies et des avis
Jâavais dĂ©jĂ cette conviction pour ĂȘtre honnĂȘte, celle quâune sĂ©rie, un roman ou tout Ćuvre de fiction peut changer des vies et des avis. Je lâai personnellement vĂ©cu avec Looking, Years and Years ou I may destroy you. Des sĂ©ries qui mâont respectivement apportĂ© des modĂšles LGBT non-stĂ©rĂ©otypĂ©s, lâimportance de lâaction militante et du vote politique, de la douleur immense des victimes de viols qui ne fait que commencer lors dudit crime.
Mais câest autre chose que de conforter cette conviction avec dâautres personnes, de mĂ©langer tous ces apprentissages en une seule sĂ©rie, en une seule fiction : avec Chair tendre.
La sĂ©rie parle dâun sujet tabou : lâintersexuation. Le I de LGBTQIA+ que je mĂ©connaissais totalement, que la sĂ©rie reprend de zĂ©ro pour nous informer et Ă©duquer sur le sujet grĂące Ă sa narration engageante qui Ă©pouse les codes dâune fiction en amenant beaucoup dâĂ©motions et de poĂ©sie comme le souligne justement mon invitĂ©e ClĂ©mence.
Je ne vais pas vous mentir, jâĂ©tais stressĂ© Ă lâidĂ©e dâenregistrer cet Ă©pisode, dâĂ©couter les traumatismes brĂ»lants dâune personne quâon juge sur son physique sans la connaĂźtre et sans mĂȘme jamais chercher Ă le faire. StressĂ© dâarriver Ă partager son discours sans lâexploiter, de prolonger les bienfaits de cette sĂ©rie qui comme le dit ClĂ©mence âest un cadeau pour de nombreuses personnesâ, les concernĂ©es comme leurs proches, comme tous les autres finalement.
Chair tendre brise un tabou, câest juste Ă©norme ! JâespĂšre apporter ma petite pierre Ă lâĂ©difice avec cet Ă©pisode et jâespĂšre que les auditeurs-ices ne le skipperont pas Ă cause de son sujet mĂ©connu, car il nous parle Ă tous et toutes !
En ThĂ©rapie đŁđ les psys sur le divan (avec Martina)
Pour bien comprendre : En ThĂ©rapie (dĂ©sormais sur Disney+) est une fidĂšle adaptation de la sĂ©rie israĂ©lienne Be Tipul (2005, Arte). Dans cette version française on suit le docteur Dayan, un psychanalyste investi, semaine aprĂšs semaine pour des consultations quasi en temps rĂ©el avec 4 patients et une consĆur. Le tout dans une ambiance tendue post-attentats du bataclan (S1) et Ă la sortie du confinement (S2).
Pourquoi Martina ? Martina est diplĂŽmĂ©e en psychologie clinique de l'universitĂ© de Parme en Italie. Elle exerce maintenant en libĂ©ral Ă Paris oĂč elle s'est spĂ©cialisĂ©e dans la thĂ©rapie familiale, la protection de l'enfance, le trauma complexe et la pratique de l'EMDR. Cerise sur le gĂąteau : elle a vu 3 des nombreuses versions de la sĂ©ries !
Ce que jâai appris â© mes attentes jouent plus que je ne le crois
Quand on commence En ThĂ©rapie, une sĂ©rie qui sâest exportĂ© dans beaucoup de pays occidentaux, avec de gros noms au casting, Ă la rĂ©alisation, Ă lâĂ©criture, Ă la production, câest impossible de ne pas avoir dâattentes. MĂȘme ne pas en avoir est un biais en soi, celui de lâinconnu, de se sentir prĂȘt Ă ĂȘtre surpris ou au contraire inquiĂ©tĂ© par lâennui qui guette.
A mon grand dĂ©sespoir, je nâai pas accrochĂ© avec la premiĂšre saison. Je voyais ces qualitĂ©s, je comprenais de loin ce quâon pouvait lui trouver mais quand je mây frottais davantage, rien nây faisait : je nâaimais pas. Trop dramatique, surjouĂ©, un peu vieux jeu, trop noble dans tous les sens du terme somme toute. Jâai prĂ©fĂ©rĂ© la saison deux, un temps durant, avant que dâautres sĂ©ries ne reprennent clairement le pas sur les trente-cinq Ă©pisodes qui la composent et dont je ne suis finalement jamais venu Ă bout, je lâavoue.
A vrai dire je crois que jâai assez vite compris la sĂ©rie que jâaurais aimĂ© voir et que je ne verrai jamais, que jâĂ©tais frustrĂ© devant ces sĂ©ances de psychanalyse Ă lâancienne, cette mĂ©thode dâune autre Ă©poque, surreprĂ©sentĂ©e Ă lâĂ©cran. JâĂ©tais comme lassĂ© de voir un homme de cinquante balais dans le fauteuil du psy, figure bien plus proche des auteurs de la sĂ©rie que des thĂ©rapeutes de la vie quotidienne (trĂšs trĂšs souvent des femmes).
Et câest lĂ que la formidable Martina rentre en scĂšne, une invitĂ©e qui rayonne de bienveillance avec son verre moitiĂ© plein et ses lumiĂšres sur le style rĂ©tro du docteur Dayan qui aborde de toute Ă©vidence avec justesse des problĂ©matiques contemporaines. Elle et sa curiositĂ© de voir sa profession reprĂ©sentĂ©e Ă lâĂ©cran, de voir comment ces personnages abordent la douleur, la souffrance, leur vĂ©cu. Elle qui est au cĆur du sujet, qui utilise dĂ©sormais la sĂ©rie comme rĂ©fĂ©rence avec ses patients, comme outil de communication, qui se rĂ©jouit de voir Ă lâĂ©cran une dĂ©mocratisation de la thĂ©rapie et ses bienfaits. Martina et ses attentes.
Lâadage parle des goĂ»ts et des couleurs, on pourrait y ajouter les attentes. Un triptyque qui ne change pas mon sentiment sur la sĂ©rie mais qui en adoucit les ressentis, ravi quâun public ait pris plaisir et intĂ©rĂȘt Ă la regarder.
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Et sinon cÎté séries, concrÚtement il y a quoi ?
Pour ceux en manquent de nouveautĂ© 2023 je ne peux que vous diriger vers ma derniĂšre Watchlist Disney+ et mon Guide pour un rire conscient. Sinon jâai relativement aimĂ© AcharnĂ©s (Netflix, Beef en VO) et La nuit oĂč Laurier Gaudreault sâest rĂ©veillĂ© (Canal+). Enfin il ne faut pas passer Ă cĂŽtĂ© des trĂšs bonne comĂ©dies UK Back to life et State of the union, fraĂźchement disponibles en toute gratuitĂ© sur Arte !