#28 Guide 👩✊ Pour comprendre et devenir féministe 🤞
Beyoncé est-elle féministe ? - I may destroy you - Mrs America - Betty - Las de la ultima fila - Mauvaises filles - Minx
J’ai grandi avec l’impression qu’hommes et femmes étaient égaux en droit, tout en apprenant que le masculin l’emporte sur le féminin, que le foot sans garçon n’intéresse personne et que savoir écouter ses camarades ou pleurer devant un film était signe de faiblesse, à proscrire donc. Je caricature ? En y réfléchissant, je crois bien que non. Petit je jouais à la poupée, une honte à mon genre et mal m’en a pris puisque des années plus tard je me découvrais une sexualité minoritaire, rejoignant de fait une communauté qui m’était étrangère. Quel est le rapport ? Ne me dites pas qu’un homme est en train de s’approprier un combat féministe juste parce qu’il n’aime pas les vulves ? (bon déjà il utilise le mot vulve, on a vu pire)
J’y arrive, j’y arrive. Il m’a fallu du temps pour comprendre la nécessité de la fierté, de ne pas baisser les bras face aux injustices patentes envers certaines personnes qui n’ont rien fait d’autre qu’être elles-mêmes. Il m’a fallu du temps pour comprendre qu’on était aveuglé par une éducation genrée, par une société qui abuse des clichés, qu’il ne fallait pas forcément être misogyne ou homophobe pour en adopter parfois la posture, le comportement. Il m’a fallu du temps pour comprendre qu’il en faudra bien plus encore pour faire changer les mentalités. Mon expérience personnelle et mon militantisme sur les sujets sociaux est intimement lié à ma sexualité car in fine les combats des minorités convergent. Et il ne suffit pas d’être numériquement majoritaire pour échapper à de violentes discriminations -preuve en est les 52% de femmes vivant en France. Ce parallèle me permet simplement de comprendre qu’il faut avant tout écouter les personnes concernées, ne pas minimiser leurs ressentis, ne pas croire que l’on a grandi égaux, comprendre que c’est un combat qui me concerne aussi même si j’en subis moins les frais et enfin que c’est une chance de vivre à une époque où #MeToo a vu le jour.
J’ai humblement et subjectivement rédigé ce guide en espérant qu’il puisse réveiller certaines consciences -ne serait-ce qu’une seule-, et en espérant qu’il assoit des convictions féministes et qu’il participe à notre éducation sur le sujet. Je ne fais que valoriser ces contenus qui m’ont beaucoup appris et je vous propose de les découvrir avec la logique graduelle suivante :
Les premiers contenus sont ceux d’une remise en question amenant une prise de conscience (i), ensuite vient le devoir de comprendre le passé, de s’informer sur ce qui nous a amené là où on en est aujourd’hui (ii), puis la possibilité d’éprouver les pouvoirs de l’écoute, de l’empathie, fondements de la solidarité et de la sororité, un début de réponse aux discriminations et violences (iii).
Prendre conscience des enjeux
Beyoncé est-elle féministe ? 👩🎤📖
Alors oui, surprise, je ne commence pas par une série. Il faut dire que ce livre m’a totalement séduit et qu’il est une porte d’entrée remarquablement efficace dans le féminisme. Derrière ce titre accrocheur -et un brin racoleur- qui lui sert d’introduction, le livre explore et expose avec un bel aplomb l’ensemble des combats féministes actuels. L’éducation de genre et les agressions sexuelles bien sûr mais aussi le cybersexisme, le matrimoine, la sexualité, le cercle familial, le sport, la politique. Et comme si le fond n’était pas assez bon, la forme quasi-magazine avec ses pages portraits, ses statistiques, anecdotes et illustrations, allègent considérablement la lecture tout en gardant la profondeur d’un essai. Une super porte d’entrée je vous dis et clairement une belle idée de cadeau en cette fin d’année…
Un grand bravo à Margaux Collet et Raphaëlle Rémy-Leleu.
Minx 🔞📕
Superbe comédie de 2022, Minx n’est pas encore diffusée en France et c’est fort dommage tant la série dépeint avec humour toute la complexité des combats féministes. Dans une Amérique des années 70, seul un éditeur de magazines pornographiques veut bien prendre Joyce sous son aile, elle qui souhaite publier un magazine pour les femmes, écrit par une femme. Le comique de situation est aussi présent qu’hilarant et derrière cette drôle de façade se trouve une œuvre engagée et inclusive. Elle montre les divergences internes, les embuches politiques et le sexisme ordinaire que doivent affronter les protagonistes tout en mettant en évidence la difficulté de savoir comment faire évoluer les mentalités. Portée par un super duo (où l’on retrouve Jake Johnson le sang aka Nick dans New Girl), la série m’a séduit par ses qualités d’écriture et de jeu. Une belle pépite qui reviendra en 2023 pour une deuxième saison !
1 saison de 10 épisodes de 30 minutes
Histoire des féminismes
Mrs America 👥🇺🇸 (Canal+)
Superbe mini-série de 2020, Mrs America retrace le dur combat des féministes des années 70 aux US pour ratifier un amendement visant à garantir l’égalité des droits entre les sexes. Seulement sur leur chemin se dresse Phyllis Schlafly (jouée par Cate Blanchett), une activiste conservatrice à l’encontre de cet amendement. Ce drame historique et son casting 5 étoiles promettent une plongée savoureuse dans les combats féministes des générations précédentes. Très instructive, la série montre comment l’opposition à ces évolutions progressistes provient aussi de certaines femmes qui la voient d’un mauvais œil -parfois hypocrites, parfois non. Cette série grand public est une ode au militantisme et un joli coup dans le rétroviseur, notamment pour constater que tristement, les choses sont toujours aussi fragiles 50 ans plus tard.
Mini-série de 9 épisodes de 50 minutes
Mauvaises filles 👵🇫🇷 (film documentaire)
Je remercie grandement Zoé pour cette reco ciné qui sort en salle ce mercredi et il me tarde d’aller voir ce documentaire sur grand écran ! Zoé, je te cite ci dessous :
Ce long-métrage documentaire donne la parole pour la première fois au cinéma à d’anciennes pensionnaires de maisons de correction. Cinq femmes parmi des milliers enfermées entre la Seconde Guerre mondiale et les années 70 car elles étaient des “filles perdues” ou de “mauvaises filles”. Jugées trop insolentes, trop rebelles, trop violées… Ou simplement mal aimées, il fallait les rééduquer. Ces établissements religieux devaient garantir leur bonne conduite. On y découvre avec stupeur les punitions, les mensonges et les violences auxquels ces femmes ont du faire face.
C’est une œuvre politique qui parle d’enfermement et de contrôle du corps -dans des mitards entre autres- mais aussi de leurs paroles. La réalisatrice raconte qu’au début de son projet, alors qu’elle est à la recherche de soutiens financiers, on lui demande : « est-ce que ces femmes racontent toutes la vérité ? ». Et c’est justement cette remise en question systématique de la parole des femmes qui les pousse au silence. C’est en cela que ce film me paraît essentiel : il redonne la parole confisquée. À la fin de la projection, j’ai ressenti les pleurs puis j’ai entendu ce fameux silence. Long, très long. J’ai mieux compris ce que voulait dire silence de plomb. Le temps nécessaire pour qu’on se remette des dernières paroles et de cette « chienne de vie ».
Ce documentaire d’Émerance Dubas est à découvrir en salle le 23 novembre !
Le pouvoir de la sororité
Les filles du dernier rang 🏥👭 (Netflix)
Las de la ultima fila en VO est une série espagnole récemment sortie sur la plateforme qui mérite toute notre attention. C’est l’histoire d’un groupe de 5 copines qui partent en vacances se vider la tête après se l’être toutes rasées par solidarité envers une d’entre elle, atteinte d’un cancer. L’histoire ne dit pas -tout de suite- qui est la malade, non car l’idée est justement de retrouver cette insouciance et de transgresser des interdits, explorer, se sentir vivantes. Cette comédie dramatique est tout bonnement puissante et on se sent vite comme la sixième copine de l’autre côté de l’écran. Les dialogues sont à craquer et les actrices brillent de cette solidarité féminine, soutien imprenable face à la maladie. Une série féministe dans l’émotion, dans l’empathie et à l’écoute de ses héroïnes si singulières.
1 saison de 6 épisodes de 45 minutes
Betty 🛹🏳🌈 (OCS)
Petite pépite méconnue, Betty est une série spin-off du film Skate Kitchen qui s’intéresse à un groupe de jeunes filles qui tentent de se faire une place dans le milieu très masculin du skate. Cette comédie feel good donne envie de sortir sa planche à roulette dès le premier épisode. Leur passion les rapproche et la série montre justement pourquoi il est nécessaire pour elles de se regrouper afin de se frayer une place. Betty incarne bien cette nouvelle génération très new yorkaise et met en avant l’intersectionnalité -quand une personne se retrouve au recoupement de plusieurs groupes dits minoritaires- avec des femmes queer et/ou de couleur. La série n’aura malheureusement pas de troisième saison mais les deux premières resteront dans les top séries des dernières années des sériephiles, à n’en pas douter.
2 saisons de 6 épisodes de 30 minutes
I may destroy you 🤯💥 (OCS)
Comment ne pas mentionner I may destroy you ? Clairement une des séries les plus marquantes de ma vie -et oui j’ai bien réfléchi à deux fois avant de l’affirmer. Cette mini-série de 2020 est plus qu’une claque, c’est une leçon, de vie et de thérapie, d’un combat dans la douleur tout comme une leçon audiovisuelle avec son écriture parfaite, ses monologues coup de poings, son interprétation bouleversante, son regard cru, son ton sans détour, sa bande son planante, ses plans majestueux… Bref, je pourrais continuer pendant 10 minutes et je l’ai d’ailleurs fait dans ma toute première critique Côté séries. Oh wow. Vous pouvez la consulter ici. Et pour la série n’attendez pas et ne vous arrêtez pas après le premier épisode un tantinet bancal, la suite est à voir -en prenant son temps car il faut aussi encaisser. Chapeau Michaela Coel.
Mini-série de 12 épisodes de 30 minutes
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C’est l’heure des reco ✨
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Un grand merci à Roxane pour la reco très intrigante de cette semaine que je vous mets ici :
Avez-vous déjà croisé, au détour d’une reco Insta/Facebook adéquatement ciblée ou du conseil avisé d’un.e ami.e, la nouvelle série d’Arte Malaisant ? Malaisant, voilà qui décrit parfaitement l’idylle naissante de Esther et de Roméo. Elle est asociale et aime faire fondre des objets dans son gaufrier. Il est très (très) sensible et aime pleurer au jardin des plantes quand vraiment ça déborde. On suit leur histoire en story sur Instagram tous les jours à midi. C’est fluo, néon, cringe, créatif, original, la déco et les costumes sont exceptionnels. Et surtout, ça réinvente le format sériel et brouille les pistes de la mise en scène et du réel, tout en restant aussi addictif qu’une bonne série. N’attendez plus les reco de Meta, écoutez mon conseil avisé, et allez jeter un coup d’œil sur arte_asuivre.
Vous êtes de plus en plus nombreux à réagir aux newsletter, à les partager autour de vous, à m’envoyer des MP ou me proposer des reco et ça me fait vraiment chaud au cœur. Continuez comme ça et Côté séries continuera !!!
Un besito et à dans deux dimanches (: